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Pourquoi l'Homme ne se régénère pas ?

     Nous le savons tous, l’Homme n’a pas les capacités de la salamandre en terme de régénération. Mais ce que nous ignorons encore c’est pourquoi ?

 

Nous venons de voir comment l’organisme humain réagit face à une blessure, essayons maintenant de comprendre ce qui l’empêche de se régénérer.

 

     Tout d’abord chez les mammifères, la guérison n’est pas effectuée par épimorphose (c’est à dire par prolifération de cellules à la surface de la blessure) comme chez la salamandre mais par fibrose, soit par transformation fibreuse des tissus blessés ce qui conduit à la formation d’une cicatrice.

 

     Cependant, chez le foetus humain on remarque une certaine capacité de régénération, bien que celle-ci soit limitée. En effet pendant les deux premiers tiers de la gestation, la guérison est rapide, il n’y a pas de tissu de granulation et aucune cicatrice visible n’est laissée sur la peau. Une des raisons capables d’expliquer ce mécanisme est l'absence de phase inflammatoire aiguë. En effet, chez la salamandre, suite à une amputation, pour une reformation du membre efficace, la libération du facteur de croissance TGF-Beta (Facteur de Croissance Transformant) par les macrophages est nécessaire.         

     Ce facteur de croissance inhibe la réponse inflammatoire et permet en conséquence l’épimorphose. C’est donc en partie cette absence de réponse inflammatoire qui permet la régénération ou évite la fibrose. Or, chez l’Homme, même adulte les macrophages sécrètent ce facteur de croissance, mais il semblerait que sa capacité d'inhiber la réponse inflammatoire ne possède plus les mêmes propriétés. Bien que les détails soient encore inexpliqués, cette piste reste un élément important pouvant expliquer la non-régénération de l’Homme mais ce n’est probablement pas le seul mécanisme mis en jeu.

     La stérilité est un autre élément important. En effet, lorsque la blessure est désinfectée le cicatrisation résulte plus modérée. Lorsque, à l’inverse, la blessure est trop infectée, une fibrose excessive porte à une cicatrice plus importante.

 

 

 

 

 

 

     Parmi les autres mécanismes, nous avons précédemment parlé de la voie de signalisation ERK, de son fonctionnement et de son rôle. Chez les mammifères, cette voie stimule également la prolifération cellulaire mais elle est peu active, et son activation n’est que éphémère. Lorsqu’elle est active trop longtemps, la prolifération cellulaire anormale peut porter à des tumeurs, on retrouve donc cette voie excessivement active dans les cellules cancéreuses

     Cependant, de nouvelles recherches semblent donner des résultats prometteurs. En effet des chercheurs de l’University College of London, ont réussi à activer temporairement la voie ERK chez la souris. Pour être plus précis, il ont prélevé des myotubes (cellules musculaires incapables normalement de rentrer dans un cycle cellulaire) de souris adulte, et grâce à un traitement au sérum, ils ont pu remarquer certains gènes activés par la voie ERK ont étés exprimés. ( Pour plus de détails : Sustained ERK Activation Underlies Reprogramming in Regeneration-Competent Salamander Cells and Distinguishes Them from Their Mammalian Counterparts Maximina H. Yun).

     Si une stimulation plus importante de la voie ERK des cellules à proximité de la blessure chez l’être humain ne permet pas (encore) la régénération d’un bras (en effet si l’on considère que une salamandre mets plusieurs mois pour former une petite patte, seulement en terme de temps il faudrait une vingtaine d’années à l’Homme pour reformer un bras) elle peut stimuler et accélérer la guérison suite à une blessure, et permettre en partie, l'absence de cicatrice.

     Un autre axe important de la recherche actuelle et qui ouvre de nouveaux horizons est l’étude des anti-oncogènes.

    

     Effectivement, l'expression de ces gènes, bloque l’entrée dans un nouveau cycle cellulaire, et donc la prolifération cellulaire. Chez la salamandre, le voie ERK inhibe leur action. Des chercheurs ont obtenu des résultats similaires en étudiant des souris. En effet, lorsqu’ils ont inhibé le gène anti-oncogène p53 dans des souris, celles-ci suite à une blessure (dans les expériences faites il s’agit d’un trou dans l’oreille de l’animal), sont capables de former un blastème mais aussi de réparer le tissus lésé, et ce, sans laisser de cicatrices !

L'anti-oncogène P53

P53

 

P53

 

Double brin d'ADN

P53 se lie à l'ADN

Pdb101.org

     L’homme semble donc cacher des capacités régénératives. Sur la voie de cette hypothèse, des recherches paléontolgiques récentes stipulent que la capacité régénérative serait à la base, commune à tous les vertébrés et qu’elle se soit ensuite perdue au cours de l’évolution chez la plupart des espèces, et entre autre au sein des mammifères. L’homme aurait ainsi acquis un pouvoir anti-oncogène qui diminue le risque de cancers mais qui s’oppose à la régénération.

 

     Mais un mammifère semble avoir maintenu une certaine faculté de régénération : la souris épineuse africaine. En effet lorsqu’on perce des trous dans l’oreille de celle-ci, tout comme la salamandre elle forme spontanément une structure proche du blastème et régénère la partie manquante. Ce nouvel animal, bien que incapable de régénérer du tissu musculaire intrigue les chercheurs et se présente comme excellent candidat pour (re) “activer” la régénération chez les mammifères.

Melty Discovery

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